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Des cours très particuliers, épisode 12

Dernière mise à jour : 3 mai

CHAPITRE 1


Yasmina attendait, impatiente, que Fernand Dernau eut terminé d'analyser ses bilans. De temps en temps, le professeur particulier hochait la tête ou esquissait un petit sourire. Autant de petits gestes qui ravissaient la jeune femme. Elle savait que ses résultats étaient excellents comme le prouvait le fait qu'elle avait obtenu une bourse de grade un, la plus haute possible. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir de la tension en attendant le jugement de celui qui lui avait tant appris..


Elle avait du mal parfois à réaliser à quel point sa vie avait changé à partir du moment où elle avait rencontré ce professeur. Elle n’était pas comme la plupart des autres élèves, une fille des beaux quartiers dont les mamans s’échangeaient son numéro entre deux cocktails. Elle vivait dans un quartier modeste et était alors en troisième. Ses notes étaient bonnes mais plafonnaient loin des standards de l’élite locale. Il fallait dire qu’elle cumulait les handicaps.


Elle était l’aînée d’une famille nombreuse qui s’entassait dans un petit appartement où elle partageait sa chambre avec ses deux sœurs. Ses parents s’efforçaient tant bien que mal d’assurer le quotidien mais ne pouvaient lui offrir un environnement plus calme. 


En classe, ce n’était guère mieux avec un ensemble de jeunes bien plus occupés à faire le chahut qu’à essayer de s’en sortir. Même avec ses résultats, les portes des lycées normaux semblaient lui être inaccessibles et la plupart de ses professeurs ne lui avaient laissé aucun espoir. Heureusement, une d’entre eux était différente. Elle croyait en elle et lui avait donné le numéro d’une de ses connaissances.


  • Je l’ai connu il y a pas mal de temps, dit-elle. C'est un homme particulier mais je pense que c'est un homme bien. 

  • Je n'ai pas les moyens de payer, avait-elle avoué. 

  • Si je t’ai bien estimée, il ne te demandera pas de payer. Il va seulement te tester.  S’il pense que tu as du potentiel et si tu lui montres que tu veux réussir alors tu n'auras jamais rien à débourser. »


La première fois qu’elle l’avait rencontré, elle ne connaissait rien de sa réputation et c'était heureux car, si elle l'avait su, elle ne se serait pas rendue à l’entrevue. La rencontre avait quand même été étrange. Ils avaient très peu discuté et il s’était contenté de la regarder. Étrangement, elle n'avait pas été gênée et n'avait ressenti aucune perversité dans ses regards pourtant appuyés. Par la suite, il n’eut non plus aucun geste ni propos déplacé. 


Aussi fut-elle surprise de constater les relations qu’il nouait avec ses élèves qui venaient des beaux quartiers. Il y avait cette fille qui avait à peu près son âge et qu’elle avait croisée après un cours dans une tenue qui indiquait qu’elle s’apprêtait à sortir. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que ce professeur couchait avec certaines de ses élèves. 


  • Ces résultats sont excellents, déclara-t-il alors en relevant la tête pour lui sourire. Mais ce n'est guère étonnant. J’ai toujours su que tu avais un bel avenir. »


Elle ne chercha pas à retenir un sourire devant ce compliment. Il en avait fait un à peu près le même lors de la première rencontre.


  • Tu pars avec de gros handicaps, avait-il affirmé Ce n’est pas ta faute mais tu as de grands avantages aussi. Ce sont les sciences que tu préfères, non ? C’est simple pour toi. Tout s’assemble comme un puzzle, c’est presque un jeu. Dommage que le niveau qu’on t’impose soit ridiculement bas à cause de tes camarades. Nous allons changer ça ! Tu as six mois pour atteindre une note minimale de dix-huit et ensuite tu devras passer un test pour entrer au lycée du 13 novembre.

  • Le 13 novembre ? Avait-elle répété abasourdie. »


Le 13 novembre était le lycée le plus réputé de la ville. Celui qui accueillait la crème de la crème des étudiants de la ville. C’était lui aussi qui accueillait les classes préparatoires pour les grandes écoles. Les enfants issus, comme elle, des quartiers modestes étaient très peu nombreux à y entrer et surtout pas avec ses notes.


  • Soyons clairs, avait-il dit à ce moment-là. Je ne travaille pas pour des demi-résultats. Tu as un grand potentiel et le devoir de l'exprimer. Dans six mois, tu finiras major du test d’entrée et ils ne pourront pas te refuser. »


Il avait dit ça avec une telle assurance qu’elle avait voulu y croire même si, une fois sortie, elle s’était dit qu’elle prenait ses rêves pour des réalités mais ce n’était pas des rêves.


Les cours commencèrent au rythme de deux séances hebdomadaires et, au bout d'un simple mois, elle n'est plus jamais aucune note en dessous de vingt. Ce qui lui paraissait auparavant facile devenait ridicule et les choses plus compliquées lui apparurent d’une évidence confondante. Au bout de deux mois, il commença à lui donner des devoirs. Le niveau était deux crans au-dessus de ce qu’elle apprenait au lycée, supérieurs à ce que Mégane, au même moment, apprenait dans son lycée plus côté. Elle les réunissait tous alors qu’il ne faisait aucun cadeau et sanctionnait sévèrement chacune de ses erreurs.


Le test fut une formalité. dix-neuf virgule sept sur vingt. Le directeur du lycée du 13 novembre l’avait appelée en personne pour lui annoncer ces résultats qu’il avait qualifiés d’exceptionnels..


S’intégrer au milieu de cette société de l’élite ne fut pas simple mais elle était tellement au-dessus que les persiflages ne durèrent pas longtemps. Elle excellait dans toutes les matières. Majore de sa classe chaque année et des résultats qui la classaient tout simplement dans les cent meilleurs nationaux.


Dernau avait assuré son quotidien aussi. Il avait monté tous les dossiers de demandes de bourse. Ses parents n'avaient eu rien à dépenser pour financer ses études tout en lui permettant de travailler dans de bonnes conditions. Il avait même réussi à leur obtenir un logement social plus grand dans lequel elle pouvait avoir sa propre chambre. Elle n’avait jamais vraiment compris ce qui le motivait.


  • Ce n'était qu'une formalité mais c'est bien qu'elle soit remplie, reprit alors le professeur. Maintenant, tu es prête pour la nouvelle étape de ta vie et je sais que tu vas les épater là-bas aussi.

  • On a fini alors ? Demanda-t-elle un peu inquiète.

  • C’est comme tu le veux. Je t'ai inculqué les bonnes habitudes et tout s'est débloqué chez toi. Je ne pense pas que je puisse t’apporter beaucoup plus. Cependant, si tu as besoin, de temps en temps, d’un soutien, je serais toujours là. »


Yasmina ne put retenir sa joie et, dans un élan qu’elle ne contrôla pas, elle quitta sa chaise pour littéralement se jeter dans ses bras. Il l’accueillit bien volontiers et la gratifia d'une accolade des plus amicales


  • Je ne veux pas vous perdre, dit-elle alors en réalisant à peine ce qu'elle avouait. »


Comme étrangère à son corps, elle se mit sur la pointe des pieds et tenta de porter ses lèvres au niveau des siennes mais il eut, pour la première fois, une réaction presque brutale. Il la repoussa fermement.


  •  Non ! Déclara-t-il, laconique.

  • Mais…, hésita-t-elle. Je sais que… avec vos autres élèves.

  • Ce n’est pas la même chose, lui répondit-il sans ambages. Je suis clair dès le départ et je n'aime pas changer les règles en cours de route. Tu es trop jeune pour vraiment savoir ce que c'est qu’être amoureuse et je ne veux pas être un remord pour toi.

  • Je sais ce que je veux, affirma-t-elle sûre d’elle.

  • Et moi je sais ce que je ne veux pas. »


Elle repensa alors à ces filles qu’elle avait croisées au cours des années. Cette Mégane, bien entendue, dans sa belle robe de soirée mais aussi quelques autres élèves toutes bien maquillées et manucurées. Elle n'était pas aussi sophistiquée que ces filles.


  • Ce n’est pas une question de physique, assura-t-il, lisant en elle comme il le faisait si souvent. Tu es une très jolie jeune femme mais tu as l'âge d'être ma petite fille et tu ne mérites pas de subir une vie avec moi. Dans quelques années, tu seras plus assurée, plus mature et tu réaliseras que j'ai raison. »


Pour la première fois depuis qu'elle l'avait rencontré, il lui dit quelque chose qui lui faisait mal. Il avait beau essayer de la rassurer, elle n'entendait qu'une chose : il ne la considérait pas digne d'être sa maîtresse même alors qu’il ne se privait pas de profiter des charmes d’autres jeunes filles de son âge.


Elle avait des larmes au coin des yeux et il restait froid, totalement indifférent. Elle trouva la force de se lever et partit sans même le saluer, laissant la porte entrouverte derrière elle.



CHAPITRE 2


Carla s’était donc retrouvée totalement nue devant son amie. Ce n’était pas la première fois qu’elle s’exposait ainsi. Elles partageaient régulièrement des douches à la salle de sport mais, cette fois-ci, était totalement différente. Elle sentait la tension sexuelle entre elles. Tout aussi improbable que cela pouvait paraître.


Paola avait aussi commencé à se déshabiller, retirant son pantalon noir puis son chemisier. Elle ne portait pas de soutien-gorge et se retrouva donc en simple string. Carla eut l’impression de la voir pour la première fois. Elle connaissait son physique presque filiforme avec cette petite poitrine et son ventre plat mais son body langage était tel qu’elle ne pouvait que se sentir troublée en constatant que ses fesses étaient toujours aussi fermes et sculptées.


Paola conservait ce sourire plein de sous-entendus et si dérangeant. Elle s’approcha de Carla qui eut pour premier réflexe de s'éloigner. Paola eut alors un geste rapide pour lui attraper le poignet avec fermeté.


  • Viens ici ma cocotte ! Balança-t-elle en attirant Carla à elle. »


Elle plaqua son amie contre elle. Elles faisaient à peu près la même taille mais, bizarrement, la commerciale se sentit toute petite devant l'assurance de l’architecte.


Tout aussi rapidement, Paola plaça mains sur les fesses de la mère d’Alexandra. Un « clack ! » sonore retentit dans la pièce. Les mains laissèrent des traces rouges sur les deux globes parfaits. Elle commença à les tâter avec dextérité alors que Carla se laissait faire, statique. Le sourire de Paola s’accentua alors qu’elle pliait la tête pour rapprocher les deux visages.


Carla avait l’impression d'être tombée dans un cauchemar. Toutes ses forces semblaient l’avoir abandonnée et elle n’opposa aucune résistance quand Paola colla ses lèvres contre les siennes. Elle fit durer le baiser durant un temps qui sembla une éternité. Elle força même la résistance de ses lèvres pour insinuer sa langue dans sa bouche.


  • Il avait raison, déclara-t-elle après avoir enfin mit fin à ce baiser contre-nature. Tu peux être très docile quand tu veux. Même moi, j’ai refusé mon premier baiser lesbien. Et pourtant, je peux te dire que j’en ai baisé des bouches de femmes depuis. Le goût de la moule n'est pas aussi savoureux que celui du sperme mais il est quand même agréable. »


Carla écoutait ce discours sans vraiment réagir. Cela ne faisait qu’une demi-heure que Paola était arrivée mais elle avait l'impression d’en avoir vu plus que toute sa vie. Paola, la maman si sage qui ne parlait jamais de sa vie intime, n’avait rien à voir avec la femme qu’elle avait en face d’elle.


  • Ca fait quoi ? Demanda alors l’architecte.

  • Pardon ? Répondit Carla, vraiment perdue.

  • Ça fait quoi de se prostituer ? »


Carla ouvrit la bouche en un « O » ridicule. Dernau avait donc parlé de ce qu’il lui avait imposé à son insu.


  • Il ne me l’a jamais fait, précisa Paola. Il a une approche différente avec chacune d’entre nous. Je pense qu’il s'adapte. Il m’a emmenée plusieurs fois dans des clubs échangistes où j'ai couché avec des inconnus des deux sexes mais il n'y a jamais eu de dimension vénale. Je me demande si ça change quelque chose. Comme t’es-tu sentie quand tu as trouvé l'enveloppe ?

  • Je ne suis pas une pute ! S’énerva Carla qui avait surréagi devant le ton ironique de Paola.

  • D’un point de vue pratique si. Tu as couché avec un homme qui t'a payée. C'est de la prostitution. »


À ce moment, Paola marqua un temps d’arrêt. Elle afficha une mine incertaine comme si elle réfléchissait.


  • Je me demande, ajouta-t-elle alors. En quoi était-ce différent de la vie que tu menais avec Simon ?

  • Quoi ?

  • À partir du moment où tu t’es mis avec lui, tu as cessé de travailler. Tu menais la belle vie pendant qu’il continuait à donner l’illusion du bon père de famille. Combien de temps es-tu restée sans le voir à attendre un coup de fil ? Parfois plus d’une semaine. Puis il débarquait sans explication et s'amusait bien avec toi. En échange de ce comportement, il payait ton loyer et tout ce dont tu avais besoin. En quoi est-ce différent, si ce n'est l'hypocrisie ? »


Le teint de Carla était devenu rouge pourpre sous l’effet de la rage. Comment pouvait-elle comparer la relation qu'elle avait eu pendant des années avec Simon avec la passe sordide qu'on lui avait imposée la semaine précédente ? Très bien. Si Paola voulait la bagarre, elle allait la trouver.


  • Tu viens pour me donner des leçons ? S’insurgea-t-elle. Cela fait des années que tu te fais baiser dans tous les sens à l’insu de ton mari et, en plus, tu entraînes ta fille dans cette fange. En quoi es-tu différente de moi ? Si je suis une pute, tu es encore pire.

  • Peut-être, répondit Paola nullement décontenancée. Est-ce moi qui ait entraîné Mégane là-dedans ou l’inverse ? Tout ça a commencé à cause du drame qu'elle a provoqué. Et toi ? Tu lui as bien promis de donner Alexandra ? Dans moins d’un an, elle aura dix-huit ans et tu seras libre. Moi, j’ai eu trois ans à attendre et à subir. À ton avis ? Laquelle il va préférer ? La mère ou la fille ? Moi, j’ai déjà eu la réponse. »


Carla n’en pouvait plus. Aussi rapidement qu’elle le put, elle combla l’écart qui la séparait de Paola et la gifla de toutes ses forces. Le coup fut si violent qu’elle en eut mal à la main. L’architecte tourna la tête sur sa droite, une tache rouge bien visible sur sa joue, mais elle continuait à sourire.


  • Enfin un peu de réaction, déclara-t-elle dans un sourire. Je commençais à me demander si tu n’avais pas pris une drogue quelconque. Mais il aurait fallu frapper un peu plus fort parce que j'en ai déjà vu d'autres. La douleur n’est pas trop mon kiff. Ce que je préfère ce sont la honte et l'humiliation. Mais, de temps en temps, une bonne claque, ça revigore. »


Carla fixait Paola avec cet air idiot qui ne quittait pas son visage depuis que cette rencontre avait commencé. Elle réalisa alors l’absurdité de la scène. Deux femmes de plus de quarante ans, toutes les deux mères de famille, qui se faisaient face, nues, dans l’ambiance tamisée de ce grand salon.


  • Tu as fini ? Continua l’architecte. Parce que moi je ne fais que commencer. »



CHAPITRE 3


  • Je ne comprends pas, fit Jason Denver. Il a commencé à souffler fort et à vomir. Depuis, il ne mange plus rien. »


Julie considéra le petit fox-terrier qui se trouvait posé sur sa table. L’animal avait des yeux brillants et un air plutôt en bonne santé. Elle se pencha un peu et commença à lui tâter le ventre. Elle connaissait Teddy depuis déjà quelques années. L’animal ne montra aucune appréhension alors qu’elle l’auscultait.


  • Ce n’est rien monsieur Denver, assura-t-elle. Notre petit Teddy a juste une petite crise de foie. Rien de bien grave. S’il ne mange pas, c’est juste qu’il sait par lui-même qu’il a besoin d’un petit temps de sevrage. Je vais vous prescrire un traitement qui va l’aider à remettre tout son petit estomac en place. »


Le visage de Jason Denver s’éclaira. C’est un homme d’une quarantaine d’années qui traitait ses animaux comme ses enfants et Julie le trouvait parfois un peu désarmant dans ses comportements.


Elle raccompagna le maître et le chien dans le grand couloir blanc de sa clinique jusqu'à rejoindre la salle d'accueil. Au moment où elle se tournait vers son assistante pour lui indiquer sa prescription, son regard tomba sur cette jeune femme aux cheveux châtains blonds qui semblait attendre au milieu des autres patients. Son cœur s'arrêta de battre alors qu'elle reconnaissait Serena.


Elle resta presque trente secondes fixées sur ce visage à peine plus jeune que le sien. Ce fut comme si elle voyait un fantôme et, d’une certaine façon, c’était exactement le cas.


Jason Denver se racla la gorge pour marquer la gêne qui était emparé des autres personnes présentes devant la réaction de la vétérinaire. Julie sursauta et retourna vers son assistante. Elle lui indiqua alors sa prescription mais ne put s’empêcher de jeter plusieurs regards à la dérobée vers la jeune femme qui restait toujours assise, imperturbable.


Alors que son patient repartait avec son maître, Julie s’approcha de Serena, le visage fermé. Cette dernière lui accorda enfin un regard et la gratifia d'un sourire d'une hypocrisie totale.


  • Bonjour docteur, dit la procureure. Cela faisait longtemps.

  • Que veux-tu Serena ? Répondit Julie sans chercher à cacher son animosité.

  • Tu n’as pas un endroit plus calme pour discuter ? »


Sans prononcer un mot, Julie fit demi-tour et retourna vers la porte qui ouvrait sur le couloir. Serena se leva alors et lui emboîta le pas.


  • Comment m'as-tu retrouvée ? Demanda la vétérinaire alors que les deux jeunes femmes arrivaient dans son petit cabinet.

  • On ne peut pas dire que ça a été facile. Tu t’es bien cachée ou plutôt IL t'a bien cachée ? Tu as changé de nom et tu n'as quasiment plus aucun contact avec ta famille. Je le sais. Ca fait des mois que je surveille tous les faits et gestes de Sophie.

  • Je n'ai plus parlé à Sophie depuis la mort de Francesca.

  • Je le sais bien. Heureusement que tu continues à t'occuper de ta grand-mère. Sophie paye tous les frais mais tu te sens quand même obligée de lui verser une petite somme tous les ans. C’est grâce à ça que j'ai retrouvé la trace d’une Anastasia Moscova. Au moins, il aura tenu parole, tu es devenue vétérinaire.

  • Tu en es encore là ? Tu veux encore lui faire payer pour Francesca ?

  • Et pourquoi pas ? Il a tué Francesca et il a détruit nos vies à toutes. Nous devons vivre avec des remords alors qu’il continue sa petite vie dépravée. Je présume que tu ignores que Sophie continue à jouer à la petite soubrette et que, surtout qu’il continue ses petits jeux de profs particuliers qui baise ses élèves.» »


Cette dernière remarque sembla toucher Julie. Elle fixa son interlocutrice avec intensité sans que cette dernière ne put vraiment comprendre les sentiments qui se cachaient derrière.


  • Combien d'autres jeunes filles ont dû subir ce qu'il nous a imposé ? Insista Serena. Je me rappelle de cette soirée que nous avons partagée peu de temps avant la mort de Francesca. Combien d’hommes nous ont possédées ce soir-là ? »


Toujours silencieuse, Julie sentait cependant ses jambes se mettre à flageoler à la simple évocation de ce souvenir. Elle manqua de s'écrouler et dut rapidement s'asseoir sur un petit tabouret. Elle posa une main tremblante sur son bureau, cherchant visiblement à retrouver son calme.


  • Que veux-tu de moi vraiment ? Demanda-t-elle alors.

  • Je vais le faire tomber ! Affirma Serena avec détermination. Je vais le traîner devant un tribunal et je vais le détruire ! Pour Francesca ! Pour moi ! Et pour nous toutes !

  • Et tu as vraiment besoin de moi ? Tu peux témoigner.

  • Justement non ! Il m’a piégée dans un accord de confidentialité pour se protéger après la mort de Francesca. Je ne peux pas témoigner de cette époque et, de toute manière, ce n’est pas suffisant. Je vais l’accuser de multiples viols.

  • Tu oublies qu'il a énormément d’argent et que tu n’es qu’une simple avocate.

  • Je ne suis plus avocate. Tu n'as pas idée des pouvoirs que je possède désormais et lui non plus.

  • Il a autant d'argent que l'Etat.

  • Pas pour longtemps. J'ai certains alliés qui vont le mettre à genoux financièrement. Ils l’empêcheront de se servir de son argent pour me combattre. Je ne suis plus la petite lycéenne effrayée qui lui laissait faire d’elle ce qu'il voulait.

  • Petite lycéenne ? Répéta Julie alors qu'un sourire étrange se dessinait au coin de ses lèvres.

  • Tu dois témoigner ! Insista Serena. Tu es son talon d’Achille. La seule qu’il a essayé de faire disparaître. Celle avec laquelle il est allé le plus loin. Plus loin encore qu’avec Francesca.

  • Tu n'as même pas idée.

  • Alors dis-le moi ! Fais-lui payer ! Ton père est mort sans que tu puisses aller à son enterrement. Tu n'as plus aucun lien avec les autres membres de ta famille à cause de lui.

  • Alors tu es devenue procureure ? Et tu as vraiment le pouvoir de lui faire très mal ?

  • Tu n’as pas idée. Cela fait des années que je prépare ma vengeance. J'accumulais déjà des preuves contre lui alors que je n’étais qu’une avocate attendant ce poste qui me donnerait le pouvoir de le jeter à terre.

  • Je n'en doute pas. Tu as toujours été comme ça.

  • Alors tu vas m’aider ou non ?

  • Tu comptes le poursuivre pour quels crimes ?

  • Pour toi déjà. Il t’a fait faire des choses totalement infâmes. Pour Francesca aussi et je compte ajouter aussi le nom de quelques-unes de ses dernières élèves. Elles sont jeunes et influençables. J’ai déjà le témoignage de l’une d’entre elles.

  • Il ira à la barre et tu sais ce qui se passera. C'est déjà arrivé et, en quelques mots, il est capable de retourner un jury entier, même constitué de personnes qui le détestaient à priori.

  • Mais il n’ira pas à la barre. Il ne le pourra pas. »


Julie marqua un temps d'arrêt et fixa celle qui avait été bien trop proche d'elle presque dix ans auparavant. Elle la connaissait parfaitement et savait qu'elle était méthodique et déterminée. Si les enseignements de Dernau avaient porté au moins sur une chose, c’était sur sa capacité à construire des plans contre les autres. 


  • Très bien, dit-elle simplement. Dis-moi ce que tu attends de moi. »



CHAPITRE 4


L’incroyable calme affiché par Paola, qu’aucune réaction ni violente ni même soumise n’avait réussi à ébranler, lui avait donné effectivement l'ascendant sur son amie. Quand elle s’empara de nouveau, des fesses de Carla puis la repoussa contre le mur, cette dernière se laissa faire sans même chercher à émettre une récrimination.


Leurs poitrines se pressèrent l'une contre l'autre et Paola se mit à fixer son amie. Carla ressentait un sentiment étrange devant l’intensité de ce regard et ses implications. Après un long moment de cet échange de regard, l’architecte l’embrassa à nouveau mais, cette fois, Carla entrouvrit les lèvres pour lui laisser l'accès à sa bouche.


La langue de Paola pénétra dans la porte ouverte et les deux corps nus s’imbriquèrent encore plus intimement. Des frissons parcoururent le corps de la mère d'Alexandra, témoignant d’un trouble qu’elle aurait cru impossible. Elle se laissait emporter par l’assurance de Paola dans une étreinte qui la ferait vomir ensuite. A ce moment-là, elle était comme une sorte de poupée avec laquelle on jouait et qui réagissait exactement comme on attendait d'elle.


Les mains de Paola continuèrent malaxer ses fesses pendant quelques instants puis remontèrent le long de son corps jusqu’à sa poitrine. Elle tentait vaguement d’échapper à ces caresses mais, d'un autre côté, de petits spasmes musculaires témoignaient encore des effets que ces mains agiles avaient sur elles.


Paola s’empara donc de sa poitrine et commença à jouer avec ses seins fabuleusement fermes pour une femme de son âge. Elle fit de nouveau preuve d’une dextérité qui témoignait d'une véritable expérience dans ce genre de ces petits jeux et, rapidement, les tétons se dressèrent alors qu’elle laissait toujours la langue de l’architecte se balader dans sa bouche.


Carla eut l’impression de perdre le sens des réalités. Elle ne sut pas de temps que dura cette étreinte et ne garderait que des souvenirs vagues de ce qui s'était passé jusqu'au moment où elle s'était retrouvée allongée sur le sol, Paola au-dessus d’elle.


L’architecte avait posé les deux mains des deux côtés de ses épaules et plongea encore son regard dans le sien. Elle y vit toujours cette intensité incroyable. C’était le regard d’une femme qui savait exactement ce qu'elle voulait.


De nouveau, elle l’embrassa mais, cette fois, ses mains forcèrent sans mal la résistance de ses jambes qu’elle avait vaguement serrées. Elle restait toujours aussi docile alors que les doigts trouvaient le chemin de son clitoris alors qu’une vague de chaleur envahissait son bas-ventre. Paola sourit devant cette réaction. Un sourire qu’elle trouva étrangement bienveillant.


Les doigts continuaient à jouer doucement avec le petit appendice et Carla lâcha un long soupir. À ce moment-là, elle sentit alors que l’on forçait l’entrée de son antre d’amour. Tout en continuant à exciter son clitoris, Paola commença à faire coulisser sa main dans son intimité, accentuant encore les sensations qu’elle ressentait.


Le sentiment de se perdre s’accentua encore. A ce moment-là, ce fut comme si son esprit était déconnecté et elle se laissa totalement aller à un plaisir qu'elle n'avait ressenti que très rarement avec un homme.


Alors qu’elle ouvrait une nouvelle fois la bouche pour pousser un soupir, Paola l’envahit à nouveau. Elle accepta ce baiser et sa langue, presque mue par sa propre volonté, vint s’enrouler autour de celle de son amie. Elle restait cependant très statique comme un animal figé par le regard d'un prédateur prêt à le dévorer.


Le rythme des doigts enfoncés dans sa fente s’accéléra alors que ceux qui jouaient avec son clitoris se faisaient toujours plus précis. Carla était devenue écarlate et commençait à tourner la tête dans tous les sens alors qu’elle se laissait emporter par ses sensations.


Cette fois, ce ne fut pas un soupir qu’elle lâcha mais un authentique cri de plaisir. Elle se mit à se dandiner dans tous les sens comme si elle cherchait à reprendre le contrôle de son corps. Paola s’écarta d’elle en la regardant avec un sourire qui n’avait rien d’ironique même s’il restait satisfait. Elle porta alors sa main à sa bouche et se mit à se lécher les doigts.


  • Je te l'ai dit, lâcha-t-elle, la mouille n’est pas aussi savoureuse que le sperme mais elle a quand même le goût si agréable du plaisir.”


Carla, le souffle saccadé, se redressa pour regarder Paola continuer à se lécher des doigts avec gourmandise. Son cerveau semblait vouloir recommencer à fonctionner et elle réalisait doucement que les mains d’une femme, pire d’une amie, venaient de lui procurer plus de plaisir comme elle n’en avait plus ressenti depuis des années.


  • Il a raison, déclara alors l’architecte, comme toujours d’ailleurs. Ton moteur est différent du mien. Il dit aussi que tu as un incroyable potentiel inexploité et il va t’aider à l’exprimer. Si tu restes aussi sage, il va te faire découvrir ta vraie nature et je suis sûre que tu vas adorer. »


Carla qui n'imaginait même pas une seconde prendre du plaisir avec ce salaud, tenta d’ouvrir la bouche pour la contredire. Paola ne lui en laissa pas le temps car, déjà, elle se plaçait à califourchon sur elle. La journée ne faisait que commencer.



CHAPITRE 5


Alexandra avait donc quitté  l'appartement familial deux heures avant l’arrivée de Paola. Elle n'avait donc aucune idée de tout ce qui était en train de te passer alors que la sonnerie annonçait la fin de son premier cours. De toute manière, elle ne se posait pas vraiment de questions sur ce qui est en train d'arriver à sa mère.


Dernau avait été très clair. Elle savait que ta mère avait accepté de se donner à lui pour lui assurer la réussite scolaire nécessaire au maintien de leur train de vie. La jeune fille qui n’avait jamais connu qu’une vie aisée où l'argent était abondant, avait accepté cela sans s’inquiéter des conséquences à court et long terme. En fait, elle n’avait que peu de considération pour les malheurs que pouvait vivre sa mère.


Alors qu’elle passait dans les couloirs, elle croisa un groupe de lycéens. Il y avait quasiment toutes les belles gueules et plusieurs de leurs petites amies. Alexandra s’arrêta alors qu’elle identifiait de visage radieux de Mégane. Le couple qu’elle formait depuis peu de temps avec Andrea était au centre de toutes les conversations.


La situation de Mégane avait encore évolué. Le terme péjoratif de « reine des glaces » dont Alexandra l‘avait affublée quelques années auparavant avait disparu mais certains continuaient à la qualifier de reine. 


Les couples des belles gueules étaient souvent déséquilibrés. Ces garçons excellaient dans un ou plusieurs domaines et affichaient, en plus, leur appartenance à la bonne société. Leurs petites amies étaient effacées, toujours mignonnes mais rarement brillantes. Elles ressemblaient parfois à des bibelots qu’on exposait pour montrer encore à quel point on était au-dessus du lot.


Mégane ne rentrait pas dans cette case. Si elle fascinait avec un physique qui rappelait les poupées Barbie et, de ce côté, cadrait bien avec les autres filles du groupe mais elle les dépassait dans les autres domaines.


La fin d’année approchait et avec elle, les diplômes. Tous connaissaient les résultats partiels et Mégane se trouvait tout en haut des classements. Il semblait quasiment évident qu’elle serait celle qui aurait l'honneur d’énoncer le discours lors de la remise des diplômes. C'était le privilège de la majore. Ce jour-là, elle serait sur le devant de la scène et tous les regards seraient tournés vers elle alors qu’Andréa resterait assis dans la foule, anonyme. Ce serait lui le joli bibelot.


Cela ne concernait, bien entendu, pas Alexandra qui avait encore un an à passer au lycée mais cette dernière avait longtemps espéré participer quand même au bal. Elle était populaire et de nombreux garçons lui tournaient autour. Il n’était pas rare que certaines filles purent connaître ainsi deux bals de fin d'année mais il fallait pour cela plaire à un garçon de dernière année. Il fallait donc être une belle poupée valorisante.


Alexandra avait tout fait pour être de celles-là mais, maintenant, un tel dénouement semblait très improbable et la réussite de Mégane n’en était que plus insupportable.


Le groupe des belles gueules passa juste à côté d’elle sans qu’aucun d’entre eux ne lui adressa le moindre regard. Elle sentit monter en elle une bouffée de colère et de frustration. Être ainsi ignorée était une horreur pour elle. Elle retint son souffle quelques secondes puis une nouvelle sonnerie lui rappela qu'elle était en retard pour le cours suivant. Elle jeta un dernier regard au groupe de jeunes gens qui rentraient dans leur classe puis se dirigea vers la sienne, consciente qu'elle arriverait trop tard.


Elle atteignit effectivement sa classe alors que tout le monde était déjà installé. Elle retint son souffle et entra.


  • Palermo, fit la voix sèche de sa professeure de français. Vous êtes en retard ! »


Alexandra se figea puis se retourna vers la professeure. C'était une femme d'une cinquantaine d'années au visage ridé et aux cheveux blancs qu'elle retenait dans un chignon très austère. Elle n’était pas très grande et rien dans son physique n’est semblait indiquer qu’elle eut été vraiment jolie à un moment donné. C’était aussi une personnalité très sèche dont l’inflexibilité avait tendance à faire surréagir une Alexandra toujours à fleur de de peau.


  • C’est que …, commença Alexandra.

  • Pas d’excuse ! La coupa la professeure toujours aussi sèche. Allez donc chercher un mot d’absence ! Je ne vous veux pas dans mon cours ! »


Alexandre serra les poings. Se faire ainsi expulser de cours pour quelques secondes de retard lui était insupportable. Elle n’avait pas une envie fabuleuse d’être là mais la situation ne pouvait qu’accentuer son sentiment de rejet. Elle tourna vers son professeur un regard noir et cette dernière le lui rendit, nullement impressionnée.


Quelques semaines auparavant, elles avaient eu le même affrontement et Alexandra avait totalement craqué évitant de justesse l’expulsion. Elle ressentait dans ces instants-là un sentiment d'injustice réel ou imaginaire qui la rendait incapable de tenir un raisonnement sensé. Elle n’était pas la seule à subir ce genre de traitement de la part de cette professeure particulièrement rigide mais elle était l’une des rares à entretenir en permanence le conflit.


  • Je…, hésita la jeune fille.

  • Et bien ? Qu’avez-vous encore à vomir ?

  • Je vous en prie, lâcha enfin Alexandra dont le ton s’était incroyablement adouci. Veuillez excuser mon retard et je vous promets que ça n'arrivera plus. »


Étrangement, cette réponse sembla décontenancer la professeure. Elle fixa Alexandra comme si elle la voyait pour la première fois. La jeune fille avait baissé le regard et adopté une position contrite. Plusieurs de ses camarades la regardèrent en échangeant de petites réflexions dénotant leur surprise.


  • Un retard est en retard, insista la professeure. Cependant, je vais vous accorder le bénéfice du doute. Allez vous asseoir !

  • Merci Madame, remercia enfin une Alexandra qui s’étonnait elle-même. »


La jeune femme traversa la salle pour rejoindre sa place. Certains de ses camarades lui jetèrent des regards interrogateurs voire même parfois un peu ironiques. Étrangement, elle se sentit incroyablement sereine. Sa bulle de frustration avait disparu et sa rage à l’encontre de Mégane avec elle.



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