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Des cours très particuliers, épisode 11

CHAPITRE 1


La journée était calme à la galerie. Carla somnolait presque derrière son petit bureau, une tasse de café à la main. Les clients se faisaient rares surtout en cette période où ils n'avaient pas de nouveaux artistes à présenter.


Carla se demandait parfois si cette entreprise était réellement rentable. Elle qui, avant sa rencontre avec le père d’Alexandra, avait travaillé comme commerciale dans de nombreuses entreprises connaissait les notions de la gestion. Elle savait que le propriétaire des lieux était un riche mécène qui s'en servait surtout pour promouvoir le travail de certains artistes sans chercher forcément à faire des bénéfices. Certaines rumeurs circulaient sur lui et sur le fait que la plupart des dites artistes étaient des jeunes femmes particulièrement belles et jeunes. 


De toute manière, elle n'y passait que très peu de temps. Deux jours par semaine maximum et ils la payaient en conséquence. Elle n’avait, au départ, qu’un attrait très relatif pour ces œuvres qu’elle trouvait assez banales pour la plupart et se servait parfois de son bagou pour convaincre quelques clients peu au fait des nuances et plus intéressés à l'idée de posséder des œuvres d'art sans vraiment faire de distinction.


Elle fut tirée de ses pensées par la sonnerie qui indiquait qu'une personne venait de passer le pas de l'entrée quand elle vit le visage de Fernand Dernau son cœur cessa de battre.


Cela faisait une quinzaine de jours qu’elle avait répondu à la première convocation de cet homme et qu'il avait osé la prostituer. Elle en gardait une rancœur énorme et avait envisagé sérieusement de mettre fin à ce contrat mais les résultats d'Alexandra s'étaient encore améliorés en dépit du fait qu'elle conservait un comportement peu agréable. La pension alimentaire de Simon tombait en temps et en heure et toutes ces raisons avaient fait qu'elle avait ravalé tous ses états d'âme en espérant cependant, un peu naïvement, qu'il l'oubliât.


L’homme d’affaires s'approcha d'elle affichant ce sourire qui l’avait tant dérangée lors de leur première rencontre. Il pouvait venir la voir n'importe où même s’il ne l’avait pas encore fait. Le fait qu'il eût choisi de s'inviter ainsi sur son lieu de travail n'était donc pas anodin


Il déambula quelques instants dans l’immense les petites allées où étaient exposées toutes les œuvres en vente. Il restait quelques secondes devant un tableau comme pour l’évaluer puis passait à une autre.


Toujours installée derrière son petit bureau, Carla le regardait faire en serrant les dents. Elle n’avait aucunement envie d’aller lui parler mais savait qu'elle devrait le faire.


Elle le laissa à ses observations un temps plus long qu’à l’habitude puis finit par quitter sa place et s'approcha de lui alors qu'il semblait fasciné par un des tableaux qui représentait une femme à demi-nue.


  • Cette œuvre vous intéresse ? Demanda-t-elle en adoptant un vouvoiement hypocrite.

  • C’est une croûte, rétorqua-t-il sans ambages. L’artiste a bien représenté les formes mais il n’y a aucune vie, aucune âme. Elle pense qu’il suffit de montrer une poitrine presque nue et de choquer le petit bourgeois pour réaliser une œuvre forte mais c’est tellement inabouti. Il n’y a aucune maîtrise des nuances ni de la palette de couleurs. Les détails sont inexistants. Elle aurait fait cela à l'aide d'un ordinateur qu’elle aurait obtenu le même résultat. » 

 

Il avait utilisé des termes précis avec son cynisme habituel mais elle nota quand même qui semblait vraiment s'y connaître. 

 

  • Alors j'aimerais vous proposer autre chose, dit-elle. Des artistes plus expérimentées et …

  •  Si tu devais me vendre celle-là, commença-t-il sans se soucier d'hypocrisie, quels arguments tu utiliserais ? 

  • Pardon ?

  •  A ce que je sais, vous êtes quand même grandement payés à la commission alors réussir à vendre ce tableau bien commun au prix où il est demandé ne peut être que bénéfique pour toi. Imaginons que je te demande de me faire une pipe, là et maintenant, et qu’en échange je t’achète cette croûte invendable. 

  • Pardon ? Répéta-t-elle sur un ton outré.

  •  C’est une simple supposition. » 

 

Il s'était tourné vers elle et la dévisageait avec ce sourire plein de sarcasme qu’il affectionnait tant. Elle restait interdite même si finalement cela n’aurait pas dû la surprendre. Après tout, elle s’était déjà rendue dans l’appartement d'un immeuble miteux où elle avait couché avec un inconnu juste pour satisfaire son bon vouloir. Cependant, ils se trouvaient sur son lieu de travail et n'importe qui aurait pu entendre cette conversation. 

 

Alors qu’elle conservait le silence, l’air un peu sonnée, il tourna un peu le regard sur le côté et son sourire se dissipa. Une femme d’une cinquantaine d’années, d'épaisses lunettes posées sur le nez et portant un tailleur strict s'approcha alors du duo. Il s'agissait de Scarlett Saint Louis, la directrice de la galerie. Elle posa alors la main sur l’épaule de Carla qui sursauta presque avant de tourner la tête vers sa supérieure. Voir ainsi la responsable des lieux intervenir dans leur conversation montrait que cette dernière connaissait parfaitement Fernand Dernau et, surtout, sa capacité financière. 

 

  • Monsieur Dernau, enchantée. Scarlett Saint Louis. C'est un honneur de vous voir dans ma petite galerie. A ce que je sais, vous êtes un ami proche de monsieur Clarence Eindhoven.

  • Ami proche ? Répondit Dernau qui semblait dubitatif à l'évocation du nom du mécène de la galerie. Disons que nous nous sommes rencontrés plusieurs fois dans le cadre de nos affaires et aussi lors de certaines croisières. » 

 

À ce moment-là, la main de Scarlett qui était restée sur l’épaule de de Carla, se crispa comme si l'évocation de la croisière lui rappelait des souvenirs gênants. Dernau eut un petit sourire en coin devant cette réaction qui, bien entendu, ne lui avait pas échappé. Il ne précisa cependant rien de plus. 

 

  • Quoi qu'il en soit, reprit la directrice après un blanc bien trop long, j'espère que vous trouverez votre bonheur nous avons de nombreuses artistes toute très prometteuses même si elles ne sont pas très connues.

  •  Prometteuses, répéta Dernau comme s'il réfléchissait à la pertinence de ce terme. Sans doute. J’ai quelques investissements à faire dans l’art. Vous savez, les avantages fiscaux sont tellement intéressants. 

  • C’est un argument non négligeable, intervint alors Carla qui retrouvait là un de ces arguments de vente les plus efficaces. »

 

Nombre des clients de leurs galeries, des hommes d'affaires très riches, voulaient échapper à l’impot tout en faisant un investissement qu'ils pourraient revendre. Il fallait juste réussir à les convaincre que les peintres et sculptrices qui exposaient en ce lieu seraient un jour suffisamment reconnues pour que leurs œuvres pussent se revendre au moins au prix où ils les avaient achetées et ce n'était pas si facile car la qualité de certaines œuvres était plus que discutable. 

 

  • Monsieur Dernau ne semble pas très attiré par ce tableau, avoua la mère de famille, mais…

  •  Je n’ai pas dit ça, la contredit-il. J’ai seulement dit que l’artiste était loin d’avoir pleinement exprimé son potentiel. Peut-être aurait-elle besoin de quelques cours. »


Il conclut sa phrase d’un petit clin d’œil à l’intention de Carla qui ne put s’empêcher de rougir autant de honte que de colère.


  • Vous êtes expert en art ? Interrogea Scarlett.

  • Je suis surtout un expert dans l’art de former les jeunes femmes de tout âge, précisa l’homme d’affaires tout en jetant un nouveau coup d’œil plein de sous-entendus à l’intention de Carla. »  


Scarlett poussa un petit rire nerveux devant cette répartie et Carla remarqua qu’elle fit un effort pour ne pas croiser son regard.


  • Vous seriez intéressé par cette œuvre ? Demanda-t-elle en tentant de garder le fil de cette conversation des plus déstabilisantes. 

  • Entre autres. En fait, je viens de réaliser plusieurs affaires très rentables et j’aimerais amortir les coûts. On m’a dit du grand bien de votre galerie et surtout des qualités de vos vendeuses.

  • Et pourrions nous avoir une idée des montants concernés ?

  • Dans les vingt millions. »


  Scarlett eut un petit hoquet de surprise à l’énoncé de cette somme qui représentait dix fois le chiffre d’affaires annuel de la galerie. Carla elle-même blanchit devant cette valeur et ne put s’empêcher de calculer rapidement la somme que représenterait sa commission. Son cœur s’emballa. 


  • Nous sommes à votre entier service afin de vous aider à trouver votre bonheur, reprit Scarlett qui ne cherchait aucunement à cacher son excitation. 

  • Je suis persuadé que madame Orléane saura parfaitement m’aider dans mes choix.

  • Tout à fait ! Carla ! Je compte sur vous pour combler tous les désirs de monsieur Dernau.

  • Ce sera fait, répondit Carla qui se demanda alors si le choix des termes employés par sa supérieure étaient innocents. »


Scarlett salua rapidement Dernau et repartit vers son bureau d’un pas léger. Carla la regarda s’éloigner en tentant de faire le tri dans ses pensées.


De son côté, Dernau semblait totalement imperméable à la tension et continuait à détailler les œuvres exposées avec une expression ironique.


  • Ce cher Eindhoven, ricana-t-il. Il n’a vraiment aucun sens de l’art et ne pense jamais avec sa tête.

  •  Je pourrais vous montrer une douzaine d’œuvres intéressantes, repris Carla qui tentait de donner le change. Ce sont des artistes prometteuses qui je pense …

  •  J’ai besoin d’aller aux toilettes, la coupa Dernau qui ne semblait pas avoir écouté son petit laïus. Tu me montres où ça se trouve ? » 

 

Carla retint une grimace devant le manque total d'éducation de cet homme. Elle ne savait pas si elle se maîtrisait ainsi car elle était une professionnelle avec un client ou si elle tenait à respecter les termes du contrat. 

 

Elle conduisit donc son client vers un petit couloir un peu à l’écart. Les toilettes hommes et femmes étaient séparées, bien entendu, mais ils se résumaient en réalité à deux petites cabines dont les portes se faisaient face. 

 

Dernau poussa la porte de la cabine homme. Il n’y avait qu’un seul petit siège de WC mais l’espace était relativement large. Il afficha un petit sourire avant d'entrer. Dans le même mouvement, il attrapa le poignet de Carla et l’entraîna presque de force avec lui à l'intérieur. 

 


CHAPITRE 2

 

Les choses étaient allées très vite, trop vite. Carla eut l’impression d’être comme téléportée. A un moment, elle était debout dans le couloir et, l'instant suivant, elle se retrouvait à genoux, la bouche remplie du sexe de cet homme. 

 

Dernau n’avait fait preuve d’aucune violence en réalité mais juste de l'assurance d'un homme qui n'envisageait même pas qu'on put lui dire non. Elle s’était laissée entraînée, agenouillée et avait presque machinalement ouvert la bouche quand il avait libéré son membre et lui avait présenté au niveau du visage. 

 

La phrase qu’il lui avait assénée au début de leur conversation lui était revenue comme une gifle. Une fellation en échange de vingt millions. De nouveau, il la traitait comme une sorte de prostituée prête à se donner en échange d’une commission. Le pire était qu’elle l’avait accepté. 


À nouveau, elle ne comprenait pas à quel jeu il jouait puisque, de toute manière, elle l'aurait fait sans aucune contrepartie. Elle devait respecter les termes du contrat et payer de son corps la réussite de sa fille. Était-cela en jeu dans le but de l’humilier en la rabaissant au niveau d'une simple fille de joie ? 

 

En tout cas, elle ne se laissa pas démonter plus que ça. Elle n’avait pas encore connaissance des qualités d’amant particulière de Dernau mais savait pertinemment qu'elle n'était pas la première à signer un contrat avec lui. Elle ne joua pas les mijaurées, ne feignant pas être ignorante de ce genre de chose. Comme Paola, elle était d’une génération où les fellations avaient fait partie d'une bonne partie de leur adolescence comme moyen de calmer des petits amis un peu trop empressés. 

 

Elle allait donc en avant et en arrière sur ce membre tendu, l’imbibant de sa salive pour faciliter les coulissements. Peut-être imaginait-elle qu’il put oser aller plus loin. Après tout, la discussion avec Scarlett avait été pleine de sous-entendus et Carla avait compris que sa directrice avait elle-même pris certains chemins détournés sans qu'elle sût si cela avait eu une quelconque incidence sur sa carrière. Sans doute, les risques de voir quelqu'un interrompre un éventuel coït étaient proches de zéro. 

 

Elle se servit aussi de ses mains, astiquant le membre avec énergie, lui caressant des bourses dans le but évident de le faire jouir rapidement. Cependant, la fellation s’éternisa. Elle en avait réalisé des dizaines sur bien des hommes différents à une époque où elle n'était encore qu'une jeune femme célibataire mais elle n'avait jamais rencontré un homme capable de résister aussi longtemps à ses œuvres qu’elle pensait experte. 

 

Dernau avait posé les deux mains de chaque côté des parois et semblait prendre appui sur elles comme s’il était sur le point de s’effondrer. Son expression était indiscernable mais elle ne lisait plus dessus ni ironie ni sarcasme. Elle y vit une preuve que son travail portait ses fruits bien que ce fut plus lent qu’elle l’espérait. 

 

Elle se rendrait compte plus tard que cette fellation avait duré plus de quarante minutes. La plupart de ces amants n’avaient pas tenu le cinquième de ce temps. Elle commençait à avoir la bouche douloureuse et un désagréable goût acide au fond de la gorge causé par les quelques micro-gouttes de sperme qui avaient coulé du pénis turgescent.

 

À un moment, cependant, elle sentit le membre pris de congestion. C’était le signe qu'il était sur le point de venir et elle écarta alors le visage, cherchant à éviter d'être maculée de sa semence. Deux giclées d'un liquide opaque tombèrent sur le sol à quelques centimètres des pieds de la jeune femme. Quand elle releva la tête, elle le vit lui adresser un regard noir et se souvint alors d'une des règles qu'il avait instaurées. 


Son cœur se mit à battre la chamade en se demandant comment un homme comme lui pouvait réagir quand on n’appliquait pas ses ordres. 

 

Il resta encore quelques secondes à la fixer, entretenant un malaise, puis sembla se radoucir quelques peu. Il réajusta son pantalon et la laissa se relever. Elle sortit de la cabine comme si elle venait de prendre un coup de pied aux fesses. Il fallut toute sa vitesse pour la reprendre par le poignet afin qu’elle ne pût s’enfuir en courant. 

 

  • J'ai rarement vu des fellatrices aussi douées, glissa-t-il alors sans qu'elle sentit le moindre sarcasme. Tu as bien mérité ta commission.

  • Concernant les œuvres, répondit-elle en retenant une grimace. Vous avez des préférences ? 

  • Rien à faire. Je n’espère pas récupérer cet argent à terme. J’ai déjà eu ce que je voulais. Tu n’as qu’à faire un lot avec les plus chers jusqu’à arriver à la somme fixée. » 

 

Sans lui lâcher le poignet, il se dirigea vers l’allée centrale de la galerie. Elle le suivit le cœur toujours battant cherchant par cette docilité à lui faire oublier la règle qu’elle n'avait pas respectée. Il s'arrêta alors au milieu de ces couloirs ornementés de toutes ces œuvres d'art. Il jeta un dernier regard rapide puis revint vers elle. 

 

  • Dis-moi, lança-t-il sur un ton étrangement sérieux. Si tu devais en choisir une seule, laquelle serait-ce ? » 

 

Carla hésita un peu. Elle avait eu une formation bien succincte avant de commencer cet emploi et avait surtout tenté de donner le change avec ses clients qui, de toute manière, n'étaient pas très nombreux. Cependant, la réponse lui parut évidente. D’un geste du doigt, elle indiqua un petit coin situé presque à l'écart des autres. Il s'agissait d'un simple tableau d'une taille relativement petite. L’artiste était une jeune femme qui avait eu quelques déboires avec Eindhoven. Ce dernier avait décidé de ne pas la mettre très en avant. Le prix aussi était dérisoire comparé aux autres mais Carla avait toujours eu une étrange affection pour ce tableau simple représentant une petite famille installée dans un champ de fleurs colorées. 


Elle repensa aux remarques de Dernau au début de cette étrange rencontre. Il parlait de nuances et de détails. Ce tableau lui paraissait en être la parfaite illustration. 

 

Ce professeur milliardaire lui lâcha la main et s’approcha du tableau. L’avait-il remarqué auparavant ? En tout cas, il sembla le détailler avec précision. Un sourire franc se dessina sur son visage et il hocha simplement la tête. 

 

  • J’en était sûr, murmura-t-il comme s'il se parlait à lui-même. Je le veux en priorité ! Indiqua-t-il à Carla. Et si tu as d’autres œuvres de cette artiste, je les prend toutes ! » 

 

Carla opina simplement du chef mais trouva que son comportement avait étrangement changé. Il était incroyablement sérieux mais semblait aussi pleinement satisfait. 

 

Il la salua alors et prit tranquillement la direction de la sortie et puis, comme s’il se rappelait soudainement avoir oublié quelque chose, il fit volte-face et revint vers elle. 

 

  • Je n'ai pas oublié que tu n'as pas respecté les règles, dit-il à voix basse en retrouvant ce sourire qu'elle détestait tant. Je pense que tu vas avoir besoin d’une vraie formation avec quelqu'un qui connaît bien comment les choses fonctionnent. » 

 

Carla se sentit étrange, comme une enfant prise en faute. Elle eut une sorte de serrement au cœur comme si elle était attristée d'avoir déçu cet homme si méprisable. Elle détesta immédiatement cette émotion. Son sourire s'agrandit et elle eut la désagréable impression qu'il avait compris. 

 

  • Après-demain, ajouta-t-il. Chez toi. Disons à partir de dix heures. Comme ça tu seras tranquille et tu n'auras pas à t'inquiéter d'Alexandra qui sera déjà au lycée. Tu passeras la journée avec elle. Elle t’expliquera tout et te montrera les choses qu'il faut faire pour me satisfaire. C'est une experte maintenant. » 

 

Carla se surprit elle-même en acquiesçant d’un geste bien trop franc. Il retrouva une expression impassible et cette fois-ci sortit sans rien ajouter. Elle se rendit compte qu’il avait glissé une petite enveloppe dans son décolleté. Quand avait-il réalisé cette prouesse ? 

 

Elle sortit le petit paquet et l'ouvrit. Il y avait à l’intérieur un simple chèque. Le montant indiquait vingt millions. 

 


CHAPITRE 3

 

Banlieue sud, la nuit se terminait tranquillement. Dans un petit appartement discret d'une de ces grandes banlieues dortoir, un groupe s’affairait avec entrain. Dans cet endroit improbable, une bande de trafiquants préparait sa marchandise. Perdu au milieu des appartements identiques dans une cité qu’ils connaissaient par cœur et dont ils avaient un contrôle total, ces hommes menaient leur activité quasiment au grand jour, se pensant intouchables. 

 

Au milieu de cela, Youssef, seize ans. Un petit génie doué en informatique et capable de tenir des livres de comptes avec une précision digne d'un professionnel. C’était pour cela que ce réseau avait fait appel à ses services. Il gérait et contrôlait tout avec l’efficacité d’un expert-comptable sans en avoir ni les qualifications ni les exigences financières et, surtout, personne ne pouvait le soupçonner de se livrer à ce genre d'activité. 

 

Youssef concevait son travail comme un parfait moyen d'accomplir ses rêves. Avec ses notes au-dessus du commun, il pouvait rêver à de grandes écoles et d’avenir radieux mais il lui manquait l'essentiel. Les ressources financières pour payer ces études si coûteuses. Quand on n’avait pas le bon patronyme et qu’on ne vivait pas dans le bon quartier, l’argent était une denrée très rare et les talents de Youssef ne pouvaient qu'intéresser ceux qui en avaient même si son origine était totalement illégale. Un équilibre s’était donc installé et tout le monde menait sa petite vie dans une apparente quiétude. 

 

La porte d’entrée vola littéralement en éclat et une demi-douzaine d'hommes cagoulés pénétrèrent dans l'appartement à la suite d'une bombe fumigène. Quasiment aucun des occupants ne sut réagir tant ils ne s'attendaient pas à être ainsi attaqués. 

 

  • POLICE ! Tonna l’un de ces hommes. » 

 

Les yeux piquants et larmoyants, Youssef tenta de se lever mais, dans la fumée opaque, il était incapable de se repérer et la seule chose qu'il vit fut cette ombre noire qui tomba sur lui et le plaqua au sol. 

 


 

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CHAPITRE 4

 

Mégane avait hésité un certain moment mais finalement elle s’était laissée courtiser par Andréa. Il se montrait extrêmement prévenant et ne cherchait pas à jouer aux gros bras même en présence des autres membres du club des « belles gueules ». Mégane qui s’était sentie toujours un peu à la marge en dépit de ses changements physiques et psychologiques, découvrit alors un nouveau monde, celui des gens « in ». 

 

Les « belles gueules » étaient, pour la plupart, très superficiels même si leurs notes étaient excellentes et leur avenir assuré dans les meilleures universités. Beaucoup d’entre eux étaient finalement plus riches que les parents de Mégane mais la jeune fille avait un avantage énorme, elle les faisait tous fantasmer depuis pas mal de temps. Comment avait-elle fait pour ne pas s'en rendre compte ? 

 

Il y avait Andrea bien entendu qui ne cachait aucunement son attirance mais il n’était pas le seul. Elle voyait leur regard alors même qu’ils enlaçaient leurs petites amies autour de cette table où ils se retrouvaient régulièrement dans ce fast-food bondé. Elle sentait cette envie qu'ils avaient. Ce désir qui les tenait tous. Même si elle tentait de faire bonne figure, elle voyait la jalousie dans les regards des autres filles présentes. 

 

Mais le comportement de ces dernières avaient changé car elle n’était plus la « reine de glace ». Elle était la petite amie d’une « belle gueule » et cela faisait d’elle la membre d’une sorte de club. Même si les autres filles de ce club la détestaient sûrement, elles faisaient d'énormes efforts pour le cacher. Quand on était « in », on faisait tout pour rester proche de vous. 

 

Mais était-elle vraiment la petite amie d’Andrea ? Quelques sorties et un baiser échangé sous le porche de sa maison quelques jours auparavant semblaient être suffisants pour obtenir ce statut. En tout cas, Andréa ne semblait pas en demander plus pour l’instant. Avait-il conscience que la jeune femme qu’il avait en face de lui avait déjà une expérience du sexe bien supérieure à celle du commun des jeunes filles de son âge ? Et la sienne qu’elle était-elle ? 

 

Elle se posait ce genre de question en se demandant s’il en faisait de même mais elle évitait, bien entendu, d’aborder le sujet. Comment expliquer l’existence de cet homme étrange qui avait plus de double de son âge et qui était capable de la faire jouir si facilement ? 

 

La soirée s’écoula tranquillement autour de hamburgers, des blagues salaces et de petits ragots. Mégane parlait peu mais écoutait surtout. Une partie d’elle entrait en action dans ce genre de moment et elle se surprit à lire des comportements, les expressions et même certaines paroles.

 

Elle n’avait jamais réalisé sa capacité à lire ainsi dans les personnes qui l’entouraient et c'était comme une révélation. 

 

D’un simple coup d’œil lancé à la dérobée, elle devinait que la fille qui était en face d’eux n’était nullement amoureuse du garçon qui avait pourtant ses bras autour de ses épaules mais qu'elle espérait juste au fond d'elle rendre jaloux celui qui était en face et qui était en train d'embrasser profondément une petite rouquine. 

 

De ce couple justement si expressif, elle devinait dans les gestes un manque évident d’expérience. Ils étaient ensemble depuis longtemps mais n'avaient jamais passé le pas. À cet âge, elle comprenait que c’était la fille qui ne voulait pas. Elle comprenait aussi qu’elle se servait de cela comme d’une arme afin de le contrôler, lui le sportif si sûr de lui qui faisait rêver toutes les pom-pom-girls. La petite rouquine souffrait en fait d’un manque total de confiance, imaginant qu’à partir du moment où elle se donnerait à lui, il passerait à une autre. Et elle n’avait pas tout à fait tort. 

 

Elle sentit un contact chaud sur sa peau. Doucement, presque timidement, Andréa avait posé sa main sur la sienne. Elle abandonna alors l’observation presque ethnologique du groupe qui l'entourait pour se retourner vers lui et lui adresser un franc sourire. Elle était heureuse à cet instant, contente d'être avec lui. Pourtant, elle avait refusé de le retrouver durant le week-end pour une simple et bonne raison. Elle avait un rendez-vous avec un certain professeur qui ne lui prendrait jamais la main de cette façon. 

 


CHAPITRE 5

 

Serena retrouva Warszawa dans une chambre d'hôtel très discrète située en périphérie de la ville. Le genre d’endroit que les couples illégitimes appréciaient mais il n’était nullement question de bagatelle entre ces deux-là.  Ce qui motivait l’un et l’autre, c’était la vengeance. 

 

  • Quand est-ce que vous arrêterez toute cette mascarade ? S’énerva l’homme d’affaires polonais. Vous deviez mettre fin à toutes les poursuites. 

  • Chaque chose en son temps, répondit la procureure. Nous devons agir avec discrétion. Dernau ne doit pas savoir que vous êtes sorti des ennuis.

  •  Ah ! Il ne risque pas de le savoir puisque je ne le suis pas. Je dépense des fortunes dans des avocats ripoux pour tenter de faire durer des procédures et, pendant ce temps, ma réputation est définitivement salie.

  • Ne vous moquez pas de moi ! Votre réputation ? Vous êtes un requin qui a toujours aimé dépecer ses adversaires au sens propre comme figuré. Un homme qui s'amusait à torturer des jeunes femmes dans les cales d'un bateau illégal. La seule chose qui vous a toujours évité d'avoir des ennuis était votre argent et le fait qu'on n'ait jamais eu de preuves contre vous. J’ai déjà tout fait. J'ai glissé plusieurs erreurs de procédure qui rendront toutes les poursuites caduques mais pour l'instant vous devez donner le change.

  •  Je ne comprends pas.

  • Vous savez pourquoi vous avez échoué contre Dernau ? Pourquoi il vous a ridiculisé et conduit au bord du précipice ? 

  • Je me pose encore la question, je l’avoue.

  •  Mais tout simplement parce que vous représentiez une menace pour lui et qu’il avait donc anticipé toutes les tactiques que vous auriez pu monter pour le détruire. Vous savez, j'ai été son élève. » 

 

Warszawa éclata d’un rire sonore en comprenant ce que cela impliquait. Dernau aimait déflorer ses élèves. Il le savait et il savait que ce n’était qu’un début et qu’il pouvait profiter de ses petites étudiantes de bien des façons. Il avait cependant du mal à imaginer ce petit bout de femme certes guère impressionnant physiquement mais au caractère bien trempé accepter un contrat de ce pervers qui se donnait des beaux airs 

 

  • Oui j’ai été son élève et, oui, il a été mon premier, déclara-t-elle simplement sans s’offusquer de la réaction de cet homme qu’elle savait, de toute manière, dépourvu de toute éducation, mais il n’a pas fait que me baiser. Il m'a appris notamment à jouer aux échecs et, avec le temps, je suis devenue très forte mais je n'ai jamais réussi à le battre.

  •  Fantastique ! Vous allez me raconter aussi comment vous avez eu votre premier vingt en maths ? 

  • Vous ne comprenez pas. Les seules fois où j'ai réussi à le mettre en difficulté c'était quand je jouais sans réfléchir, au coup par coup. Tout l’inverse de ce qu’on fait normalement aux échecs. Si on lui laisse le temps d'envisager quelles attaques on a en tête, il sera capable de les prévoir et de nous tendre des pièges. Pour l'instant, vous n'êtes plus un danger car il sait que, dans votre situation, vous êtes bien trop occupé à tenter de sauver votre cul. Il ne sait pas non plus que je suis la nouvelle procureure générale. J'ai fait en sorte que ma nomination soit totalement anonyme. Elle n'apparaît sur aucun document pour l’instant. Officiellement, je suis encore une simple avocate travaillant pour un grand cabinet américain. Tant que Dernau nous pensera loin de lui, il ne commencera pas à imaginer comment nous pouvons tenter de le faire tomber. Il ne trouvera pas les moyens de contrecarrer nos plans. » 

 

De nouveau, Warszawa émit un souffle mais cette fois-ci il n'y avait aucune désobligeance. Il était seulement impressionné par le mode de réflexion de cette femme. Il connaissait les pratiques de Dernau et savait que plusieurs de ses élèves étaient devenues des femmes influentes et puissantes mais n'en avait jamais rencontré aucune. En découvrant ce qu’il avait fait de cette femme, il se dit qu'il valait mieux qu'il ne rencontre pas les autres.

 

  • C’est un putain de bon professeur, estima-t-il alors. Il vous a très bien formée dans l'art de manipuler les autres.

  • Il a fait ça et encore bien plus et, maintenant, je vais me servir de ce qu'il m'a appris pour le détruire. » 

 


CHAPITRE 6

 

Carla était tranquillement installée à la table de sa cuisine. Une tasse de café chaude était posée devant elle et elle observait les petites volutes de fumée qui émanaient du liquide, l'air pensif. 

 

Il était bientôt dix heures. Alexandra était partie au lycée depuis déjà plus de deux heures et sa mère attendait l’envoyée de Fernand Dernau. 

 

Elle ne savait pas vraiment ce qui l’attendait mais se doutait que ce serait à nouveau terriblement déstabilisant et certainement très humiliant comme cette fellation qu’il lui avait imposée dans les toilettes de son lieu de travail. 

 

Son interphone sonna et elle sursauta. Elle n’hésita cependant pas pour se rendre vers le combiné et décrocher. Le visage qui apparut la fit blêmir. 

 

  • C’est bon ou quoi !? Fit Paola alors qu’elle hésitait à lui ouvrir. Tu comptes me faire poiroter toute la journée ? » 

 

Carla ne savait pas ce qui était le plus troublant. De voir cette amie de presque vingt ans venir ainsi en mission commandée pour un homme qui voulait la former au travail de soumise ou le ton incroyablement sec qu’elle utilisait alors qu’elle l’avait toujours connue douce et calme. 


Elle tendit la main vers le bouton d'ouverture tout en jetant un nouveau regard sur cette femme qu’elle connaissait si bien et qui semblait s'impatienter. Elle ouvrit et attendit qu’on tapa à la porte. 

 

Paola ne mit pas longtemps à arriver. Elle tapa à plusieurs reprises et fortement comme pour indiquer une sorte de colère. Carla ouvrit la porte, anxieuse, et le visage de celle qu'elle qualifiait encore d'amis quelques mois auparavant ne la rassura pas. 

 

La mère de Mégane portait une tenue tout à fait classique. Un pantalon un peu serré d'un gris clair. Un chemisier léger recouvrait le haut de son corps et elle avait déposé par-dessus une petite veste noire. Carla la regarda comme si elle la voyait pour la première fois. Il fallait dire qu'elles ne s'étaient plus vraiment parlé depuis le jour où elle avait compris ce que son amie acceptait de subir depuis des années pour assurer la réussite de sa fille. A cette époque, Carla n'imaginait même pas qu’elle pouvait suivre le même chemin. 

 

Une expression toujours aussi fermée sur le visage, Paola entra dans l’appartement qu’elle connaissait très bien. Carla ferma alors et, quand elle fit volte-face, elle vit son amie qui se tenait droite dans le couloir et qui la détaillait. 

 

  • Tu aurais pu faire un effort, la tança-t-elle. On ne peut pas dire que tu sois sexy même si cette tenue négligée en révèle beaucoup. » 

 

Carla jeta un regard presque gêné sur la tenue qu'elle portait. Elle s'était posée la question de savoir si on attendait d'elle qu'elle fût habillée d'une manière particulière. Compte tenu de la nature de ce contrat qu’elle avait signé, elle se doutait qu’elle serait amenée à réaliser des pratiques sexuelles et s'était dit qu'une tenue facile à enlever serait plus pratique. Elle avait donc opté pour une sorte de robe de nuit boutonnée sur l’avant qui, sans être transparente, était relativement légère mais peu moulante. Elle avait dormi et ne s’était même pas rendu compte qu’elle avait déboutonné durant la nuit les deux boutons du haut, créant ainsi un décolleté qui laissait entrevoir la naissance de ses seins. 

 

  • Bon, reprit Paola toujours cassante. De toute manière, ce n’est pas très important, tu ne vas pas garder ces vêtements bien longtemps. » 

 

L’architecte jeta un regard en direction du salon et Carla comprit le message. Elle ferma la porte à clé et se dirigea vers son lieu de vie. Ce faisant elle passa à quelques centimètres de Paola qui eut alors un geste qu’elle aurait cru totalement impossible. Elle lui expédia une claque sur les fesses. 

 

Carla fit un bond en avant de presque un mètre avant de se retourner en expédiant un regard complètement catastrophé à l'intention de son amie. Cette dernière ne semblait nullement décontenancée par le geste qu’elle venait de faire. 

 

  • Tu as les fesses bien fermes, complimenta-t-elle. Ca ne m'étonne pas. Après tout, je les voyais souvent à la salle de sport. » 

 

Les deux quadras se retrouvaient régulièrement dans une salle de fitness du centre-ville où elles entretenaient leur corps certes vieillissant mais qui gardaient encore une grande tonicité. Carla se demanda alors si, à cette époque, Paola avait pu lui jeter quelques regards équivoques. L’avait-elle estimée comme elle le faisait à ce moment-là ? 

 

Elle la considéra alors, la regardant d'un nouveau regard. Elle n’avait pas des formes aussi généreuses que sa fille ou même qu’elle-même mais cette taille fine et ses fesses quand même bien rebondies, remarquables pour une femme ayant donné naissance à deux enfants, faisaient qu’elle attirait encore le regard des hommes.


Mais il y avait autre chose que Carla n'avait jamais remarqué. Il y avait des chez elle  un « je ne sais quoi » de pervers. Ça, ne l’avait jamais remarqué auparavant et était persuadé qu'il n'y avait pas ce petit truc pervers dans le body-langage de son ami quelques mois auparavant. 

 

Paola retira son veston qu'elle déposa négligemment sur l'un des sofas du salon. Elle se retrouvait donc avec cette chemise à manches courtes noire mais d'un tissu léger. Sa poitrine peu développée n'était cependant pas mise en évidence avec ses vêtements, contrairement à Carla dans sa robe de nuit. 

 

Elle s'assit alors dans un autre sofa et s’installa négligemment croisant les jambes tout en gardant le regard bien fixé sur son amie qui demeurait droite ou mieux du salon, indécise. 

 

  • Alors c’est toi qui vas faire son sale boulot ? Articula-t-elle enfin alors que le silence s’éternisait.

  • Je n’aurais pas utilisé ce qualificatif, répondit Paola qui ne semblait nullement surprise. Je suis là pour t'apprendre à parfaitement honorer ton contrat. Si tu penses qu’il y a quelque chose de dégradant là-dedans, pourquoi tu es encore là ?

  • Tu vas me dire que toi tu as adoré tout ce qu’il t’a fait.

  • Oh oui même si au début je refusais de me l'avouer. Vois-tu, la tâche qu’il vient de me confier n'est nullement dégradante. Je la vois même comme une sortie de récompense.

  • Une récompense ? » 

 

Carla avait l’impression de te retrouver en face d’une totale inconnue. Jamais la Paola qu’elle avait connue ne lui aurait parlé ainsi. Comment avait-elle pu passer à côté de tous les changements dans la personnalité de son amie alors qu’elles se côtoyaient régulièrement ? 

 

Paola la laissa encore ainsi quelques instants, la dévisageant jusqu’à en devenir gênante. Un petit sourire en coin qu'elle ne lui connaissait pas apparut au coin de ses lèvres.

 

  • Je n'aime pas faire souffrir, commença Paola qui marqua un temps de silence pour profiter des frissons qui avaient parcouru son ami. Mais il faut parfois le faire. Les élèves récalcitrantes doivent être punies. » 

 

Carla pensa alors à ce qui s'était passé la veille. Elle n’avait pas respecté l’une des règles du contrat et n'avait pas avalé le sperme de Dernau comme elle s’y était engagé.  Dans ce maudit texte qu'on les avait fait signer, ce pervers avait bien précisé qu’il pouvait la punir si elle manquait à ses obligations. Elle avait le choix entre accepter la punition ou mettre fin au contrat. Entre Charybde et Scylla. 

 

  • Je crois que nous avons toutes fait la même erreur, continua Paola. A un moment donné, nous avons toutes écarté la tête ou refermé les cuisses. Il exige de jouir en permanence en nous. Je ne sais pas exactement quel plaisir pervers il en tire mais c’est une obligation. Il aime bien les fessées mais il m'a laissé libre choix de ta punition. Une autre preuve de la confiance. » 

 

De nouveau, elle marqua un temps de silence comme si elle voulait juger des effets de ses paroles. Carla avait vraiment l'impression d'être en face d'une totale inconnue. Elle se demanda alors si elle aussi serait transformée par cette relation avec cet homme si manipulateur. Deviendrait-elle aussi perverse ?

 

De toute manière, elle avait bien compris qu’il valait mieux adopter une posture attentiste. Paola avait les cartes en main et pouvait mener le jeu. En tout cas pour l’instant. 

 

  • Tourne-toi ! Ordonna alors l'architecte. » 

 

Carla hésita à peine une seconde avant de s’exécuter. Elle fit un demi-tour se retrouvant face au mur blanc de son salon. Sa robe de nuit n'était pas très moulante mais elle était suffisamment fine pour que l’on put identifier la présence d’un string glissé entre ses fesses. 

 

Elle sentait le poids du regard de Paola et se sentait étrange alors qu'une autre femme la détaillait avec une forte attention. 

 

  • Il ne t'a pas encore baisée n'est-ce pas ? Demanda-t-elle sans ambages. Suivant les personnes, il aime prendre son temps ou au contraire faire très vite. Par exemple, il m’a enculée dès le premier jour. »

 

Carla ne put retenir un hoquet de surprise autant pour l’énormité de l’information que le terme volontairement vulgaire qu’elle avait utilisé.

 

Paola sembla satisfaite de son petit effet devant la réaction de son amie. Elle découvrait le plaisir d’être le maître du jeu. Elle qui se complaisait dans le rôle de l'objet qu'on manipulait.  

  • Rassure-toi, reprit-elle. Je ne vais pas prendre ta petite rondelle aujourd’hui. C'est à peu près la seule virginité qu'il te reste et je sais qu'il aime les dépucelages. De toute manière, c’est toi qui la lui donneras de ton plein gré. » 

 

De nouveau, Carla ne put retenir une réaction de dégoût et cela fit rire Paola. La commerciale se demanda si ce n’était pas encore un jeu sadique de ce manipulateur. Il voulait dresser l’une des amies contre l’autre et définitivement briser leur amitié. 

 

Alors qu’elle pensait à ça, elle sentit un contact sur sa peau et se rendit compte que Paola s’était levée. Elle avait été aussi rapide et silencieuse que possible. Les mains manucurées de l'architecte se glissèrent alors sous le tissu de sa robe, caressant la peau des fesses de son amie. Carla retint son souffle alors que les mains remontaient le long de son dos. 


Paola se colla littéralement à elle, enroulant ses mains autour de son ventre. 

 

  • Il est une virginité qu'il ne peut pas te prendre, lui susurra-t-elle à l’oreille en collant son visage contre son cou. » 

 

Comme pour illustrer ses propos, sa main droite descendit de son ventre jusqu’à son entrejambe. Carla eut le réflexe de serrer les cuisses alors qu’elle tentait de s'insinuer entre ses cuisses. Paola s’obstina, sa main forçant la résistance des jambes croisées. Carla sentit alors qu'elle cherchait à tâtons les parties sensibles de son intimité. 

 

C’en fut trop. Refusant de céder à de tels penchants, Carla s’écarta brutalement. Elle se plaqua, dos au mur, fixant Paola comme un animal qui tentait de prévenir l'attaque d'un prédateur. 

 

Paola gardait ce sourire que Dernau affichait tellement souvent. Elle ne semblait nullement gênée par la réaction de son amie ni par les gestes malvenus auxquels elle s'était livrée. 

 

  • Ca viendra, dit-elle simplement comme pour compléter une phrase qu’elle n’avait pas commencé. Tu verras, tu aimeras ça. Tu n'as pas idée de ce que la langue d'une femme que donner comme sensations à une autre. » 

 

Elle porta la main sur sa bouche pour retenir un cri. 

 

  • Je vais te dire ce qu'il m'a dit la première fois où je me suis refusé à lui, continua Paola. Tu peux refuser et mettre fin au contrat mais tu ne peux pas avoir l'un sans l'autre. Soit tu arrêtes tout, soit tu vas jusqu'au bout. Aucune limite et aucun tabou. 

  • Tu parles de lui comme s’il était une sorte de gourou, osa enfin Carla qui en avait marre de se laisser ainsi contrôler. Il t’a retourné la tête.

  • Il m'a retournée de bien des façons, répondit Paola avec un sourire évocateur, mais pas la tête. Ce qui est sûr c'est que notre rencontre a changé ma vie et tu n'as pas idée à quel point elle va changer la tienne. Le tout est que tu l'acceptes. Au fil du temps, tu comprendras ce que j’ai compris. » 

 

De nouveau, son comportement étonna Carla. Elle n'avait pas le souvenir d’une Paola capable de tant d'introspection. 


  • BON ! Balança alors Paola en tapant dans les mains. Assez perdu de temps. Passons aux choses sérieuses ! Enlève-moi cette robe ridicule ! »

 

Le ton était net comme celui de Dernau et ne souffrait d'aucune contestation. Carla s’exécuta alors et, dans le même temps, Paola commença à défaire le ceinturon de son pantalon. 

 

 

 



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